Fusil
par Anouk G

2008/05/19
J’ai déposé les armes comme d’autres leur fusil.
L’orgueil s’est envolé avec l’amour.
Je me traîne au pied d’un homme changé
en statue de métal froid et repoussant.

Comme le visage de l’autre peut devenir hideux
quand l’amour s’est envolé.
Les mains de l’autre devenues coupantes,
froides comme la glace,
incapables de tendresse
quand l’amour s’est envolé.

L’orgueil vole avec l’amour
me laissant comme une chienne battue
gémissante solitude.
J’ai déposé les armes comme d’autres leur fusil.

2008/05/20
De petites guerres imbéciles déchirent le cœur
peu à peu.
Les déchirures deviennent des habitudes qui tuent l’espoir
peu à peu.
Les balles perdues de ces guerres assassines
tirées par des fusils de désespoir
annoncent la fin de l’histoire
la mort dans l’âme.

2008/05/21
La mort dans l’âme
L’âme au repos
Le repos des armes
Les armes aux tombeaux
Les tombeaux de larmes
Les larmes du silence
Le silence de mort

La mort dans l’âme
L’âme au repos
Le repos des armes
Les armes aux tombeaux
Les tombeaux de larmes
Les larmes du silence
Le silence de mort

Cycle infernal qui ne sera fini
que le jour où il n’y aura plus de balle aux fusils.

2008/05/22
Dormir en chien de fusil
Est-ce ne dormir que d’un œil ?
S’apprêter à tirer un coup ?
Se changer en chien ou en fusil ?
Quel est ce fusil qui possède un chien ?
Qui est ce chien qui se prend pour un fusil ?

Ce sont, peut-être, des questions absurdes
Mais vous,
connaissez-vous la réponse ?

2008/05/23
Au bruit d’un fusil à mitraillettes
ou à canon scié
j’ai préféré le son léger d’une arbalète
quand il m’a fallu l’éliminer.

2008/05/24
Au musée des horreurs humaines
il est une salle qui donne froid dans le dos.
7, 8 ans à peine
fusil en bandoulière
regard vide
ou rempli de haine.
Bataillons minuscules
d’enfants assassins
qui jouent à la guerre
pour de vrai

2008/05/25
Autour du piano on s’affole
C’est l’heure du coup de fusil
Dans la salle les gens se bousculent
« puis-je m’asseoir ici ? »
Le monsieur en costume dit oui.
Je lis la carte, il est midi
« l’assiette du jour, merci »

Arrivée
par Mr G

2008/05/19
Alors que nul encore ne connaît l’heure de son départ
Ruminantes mémoires où l’or n’a pas d’odeur
Respire en moi le temps qui ne t’es plus compté
Invoque une chimère au delà de tes rêves
Vise l’inaccessible au dessus des nuages
Étire un peu ton corps gonflé d’air et de vie
En un mot, en un trait dessine un peu de toi
Sur la corde tendue des lignes d’arrivées

2008/05/20
Poussière(s) à l’arrivée...

De tout ce temps passé à grignoter les heures
A chercher, sans trouver, l’idée qui fuit l’esprit
A trouver, sans chercher, la mélodie qui reste
De notes (z) en couleurs... de son en son...

Poussière(s) à l’arrivée...

De ces nuits de détresse où l’urgence tiraille
De ces matins câlins où l’air se fait plus doux
De ces regards croisés aux fenêtres qui passent
De trains (z) en gares, de loin en loin

Poussière(s) à l’arrivée...

Sous un ciel inconnu aux pâleurs de l’absence
Sous la pluie trépidante et le soleil brûlant
Sous l’ombre d’un cyprès noyé dans les graviers
De tombes (z) en caveaux, de portails en allées

Poussière(s) à l’arrivée...

2008/05/21
Au port, à l’arrivée des bateaux,
les femmes des marins se recoiffent discrètement.

Les silhouettes, encore loin, se dessinent en plein ciel,
des hommes au bout du pont, piaffant leur impatience.

Leurs mains sont burinées d’absences interminables
Leurs regards sont lavés de houles (z) et d’embruns

Leurs cheveux se hérissent à la vue du bercail
Et le quai qui s’approche a comme un air de fête.

Au port, à l’arrivée des pêcheurs,
Des femmes se rhabillent, et des (z) amants s’enfuient...

2008/05/22
Elle fit une arrivée silencieuse.
Cependant tous les yeux s’étaient déjà portés sur elle.

Grande, longiligne, galbée, souriante,
Avec ce je ne sais quoi d’insolent, amusant à la fois.

Cette impossible discrétion.
Cette louve insolite au milieu d’un troupeau, ricanant.

Puis elle est repartie, comme elle était arrivée.
Sans un adieu, dans le silence.

2008/05/23
Poupou

Raymond Poulidor,
n’a jamais porté le maillot jaune à l’arrivée du Tour de France.

De critériums en contre la montre, de cols en pavés
Il n’a jamais gâché en rien son sourire.

Rarement vainqueur,
mais toujours dans les premiers...

Ah... la P’tite Reine...

2008/05/24
Arrivée sans tambour ni trompette
Roulant des yeux sans trop y voir
Râlant d’un primitif et unique souffle
Invoquant sans s’en douter la vie
Venu(e) nu(e) sans pudeur
Écorchant le silence du bout des ongles
Enfant... d’où viens-tu ?

2008/05/25
Un jour de pluie tout gris, de portée sans coda
Où les mots sans souci tendaient à s’echapper
Comme un motif fondamental, il se mit à répéter
Une idée triturée suspendue sans ennui
Au bout du fil fragile d’un destin leitmotiv
Un clown grattant sa vie sur un Ukulélé
Pleurait de joie sans bruit au milieu d’une arène