Arrivée
par Anouk G

2008/05/12
Ils se préparent des mois durant
A chaque jour son entraînement
Avec pour but ultime
Etre le premier à l’arrivée.

2008/05/13
Il y a des départs qui brisent le cœur
Des au revoir qui sont des adieux
Il y a des mains qui se lâchent
Et des corps qui se séparent
Il y a des nuits de larmes
Et des matins de tristesse
Ce qui meurt déchire l’espace

Et puis...

Il y a des arrivées en fanfare
Des éclats de rire
Des baisers chauds
Des mains qui se touchent
Des peaux qui s’affleurent
Le monde semble vivant à nouveau.

2008/05/14
Arrière garnement
Regarde où tu mets les pieds
Roule ta bosse, part à l’aventure
Il y a un ailleurs qui appelle
Va, vis, fait l’expérience
Epanouis-toi au parfum des fleurs
Et n’oublie jamais qui tu es

2008/05/15
Avec son regard bleu acier
Roulant des hanches
Rusé comme un serpent
Il hypnotise ses proies
Venin prêt à gicler
Exquise morsure
Et après, l’inconscience.

2008/05/16
Elles sont venues une nuit de novembre
Serrées les unes contres les autres
Juste avant l’hiver.
Elles étaient trois,
En robes noires et chapeaux pointus.

Les gens s’écartaient sur leur passage
Elles avaient l’air si lamentable.
Grises mines, vêtements déchirés
Sales à faire peur.

Elles étaient trois,
Les unes contre les autres
Avançant lentement
Dans le froid et le noir.
Une autre, dans une maison en briques rouges
Robe violette et fleurs jaunes dans les cheveux
Mijotait une soupe, dressait une jolie table
Et débouchait une bouteille de vin.

Ce soir-là, vendredi 13 novembre
De tous les coins du monde,
Outre les trois dont on a parlé plus haut,
Allait venir une congrégation de sorcières
Dont la quatrième préparait l’arrivée.

2008/05/17
Alors te voilà à nouveau
Rebelle comme un diable en colère
Retroussant tes babines, prêt à mordre
Îlot perdu au tréfonds de mon âme
Venant de l’ombre et du désordre
Empêcheur de penser en rond
Et voilà que tu me bouscules encore...

...tes arrivées annoncent le chaos
Le mouvement et la danse...

2008/05/18
Arrivée trop tôt ou trop tard
Je n’ai pas la notion du temps
Les rendez-vous manqués ne sont pas dû au hasard
Mais à la confusion des sentiments.

Fusil
par Mr G

2008/05/12
Hors la Harpe des Anges et leurs combats si doux,

Je n’avais pas encore eu l’occasion d’armer mon stylo
pour laisser mes pensées poétiser (r) une arme...

Je pressentais des jours aux violences aberrantes.

Des nuits entières en guerre, ornées de pâquerettes,
aux canons des fusils qui font trembler la terre.

Du fond paisible de mon antre, au creux de ma cervelle

Allant, brindille aux lèvres, d’un pas des plus tranquilles,
Je sentais à l’avance comme une macabre odeur de poudre.

2008/05/13
Un corps nu, recroquevillé sans bruit
à l’angle de deux murs au papier peint jauni

L’âme engoncée sous mille poids (z) engourdie,
des absences pesantes et du froid qui gémit.

Un être agonisant au tournant de sa vie,
son tourment suicidaire, d’enfers (z) en paradis

Seul, en chien de fusil, au bord de l’agonie
à l’angle de deux murs au papier peint jauni

2008/04/14
Tout au bout du fusil, il y a la vie

Le destin d’un lapin, la fin d’une bécasse
Un chasseur malhabile, un chevreuil épargné
Le doux temps d’un passage d’où le ne revient plus

Tout au bout du fusil, il y a la haine

Une branche qui craque sous le pied d’un guerrier
Un sniper allongé sur le toit d’une ville
Le claquement d’un coup juste entre les deux yeux

Tout au bout du fusil, il y a le vide

Une idée qu’on achève, en forme de peloton
Un voisin qui s’emporte et fait taire le sien
Un amant déglingué fusillant l’adultère

Tout au bout du fusil, il y a les mots

Doux comme un armistice, un souvenir de paix
Tendres comme un baiser avant l’exécution
Arme parmi les armes, au(x) ton(s) carabiné(s)

2008/05/15
Il y a eu les yeux révolvers...

Pourquoi pas le regard fusil...

Celui qui tue sans ôter la vie...

2008/05/16
Il y avait une grande cheminée contre le mur du fond
Flanquée de deux portes, toutes deux (z) entrouvertes
L’une semblait être la cuisine, et l’autre un cellier.

La comtoise ponctuait le silence en douceur,
Accompagnée du feu qui crépitait sans cesse
Faisant voler des braises en l’air comme une danse

La grande table de chêne était encore pleine de miettes,
Mais elle était vide, silencieuse et austère.

Le fusil était resté là, posé, encore chaud.

N’attendant plus rien de la vie,
ils avaient tous passé l’arme à gauche.

2008/05/17
Le Chant du Rémouleur

Moi, mon fusil ne risquait pas de tuer

J’aiguisais vos couteaux vos larmes et vos joies.
J’affûtais en passant vos lendemains meilleurs
Juste pour le plaisir de couper court au temps

Et puis je me souviens de vos lames acérées,
Et des regards croisés où la mort n’est pas loin.

Moi, mon fusil ne blessait que mes doigts

Quand de trop près le fil effleurait l‘épiderme
Et que le sang parfois venait souiller le sol
Sans que le moindre signe ne reste à l’arrivée.

Et puis je me souviens d’ex ciseaux (z) inutiles
Redécouvrant la joie de découper l’étoffe.

Moi, mon fusil ne chassait que l’acier

Les rayures zébrées des canifs au fond des poches
Les hachoirs fatigués, les faux et les racloirs
Sous le ciel des coupables le fil du couperet...

Et puis je me souviens de ce long coutelas
Et de ce coup planté au cœur de la poitrine

Moi, mon fusil, assis, sur un fil inutile

2008/05/18
L’herbe ne repousse pas toujours où les chars sont passés.
Y’aura t-il longtemps plus de fleurs que de fusils sur cette terre ?...