Portière
par Anouk G

2008/04/07
Il y a dans le bruit d’une portière qui claque
une promesse de départ, un appel au vagabondage.

Prendre une voiture, rouler toute la nuit
et voir le soleil se lever sur la mer.

Laisser ici tout ce qui encombre
se sentir libre d’aller où bon me semble.

Ce n’est pas tant le voyage qui me fait rêver
mais la promesse du voyage contenue dans le bruit d’une porte qui claque.

2008/04/08
C’était une femme de poigne.

En elle sommeillait un dragon qui, si on lui cherchait des noises,
s’éveillait en sursaut, crachant son feu dévastateur.

Elle était énorme.

Une montagne impressionnante et abrupte
avec une poigne de lutteur grecque.

Dans les rides de son visage on pouvait lire l’histoire de sa vie.

Et dans le bleu de ses yeux on pouvait deviner comme elle avait été belle,
et comment elle avait fait les hommes pleurer.

Dans son cœur elle gardait les traces de ses amours passées
et ses mains étaient encore capables d’une infinie tendresse.

Je ne me souviens plus de son nom, mais elle était portière de nuit.

Bordel Des Mille Délices,
1930, Paris

2008/04/09
Elle était fâchée hier
Elle est partie furieuse
En claquant la porte hier.
EN CLAQUANT LA PORTIERE !!!

2008/04/10
Dans le reflet des portières de voitures
elle se regarde et se fait des grimaces.

Elle s’invente, de voiture en voiture,
des aventures merveilleuses qui nourrissent ses rêves de gosses.

« et que je te tire la langue et que je fasse les yeux ronds
et la bouche en cœur et une tête de poisson »

Plus tard elle sera cascadeuse
chasseuse de trésor ou écrivain.

Et dans le reflet des portières de voitures
Elle regardera et se fera des grimaces

2008/02/11
Je suis montée dans toutes sortes de voitures
J’ai claqué beaucoup de portières
Je me suis assise à côté de nombreux chauffeurs
Je me suis retrouvée en larmes sur des trottoirs pluvieux
Et j’ai ri fenêtre ouverte à 100 kilomètres heure.
J’ai aimé sur des sièges inconfortables
Coincée entre le volant et le frein à main
J’en ai gardé quelques bleus à l’âme
Et un peu de chagrin.
J’ai raconté ma vie
J’en ai écouté d’autres
Arrêtée au bord d’une route
Ou roulant dans la nuit
Les kilomètres parcourus sont autant de souvenirs
Et si j’ai oublié le nom des rues, des villes, des villages
Je n’oublie pas combien j’ai aimé le voyage.

2008/02/12
Partir en laissant tout derrière
Ouvrir la portière du temps
Revenir sur ses pas un instant
Tuer les souvenirs lentement
Il est des jours où l’on croit aux rêves
Et les rêves meurent doucement
Rien ne changera vraiment
Et laisser pourrir les sentiments

2008/02/13
Il est entré par la grande porte.
Il s’enfuit par une portière dérobée,
Ne laissant qu’un flou étrange
et des instants volés.
Tout est fini.
Ce qui est dit est dit.

Sortie
par Mr G

2008/04/07
Seulement pour le plaisir de quelques escapades
Organiser la fugue aux détours des instants
Redessiner le verbe où l’évasion commence
Tenter l’échappatoire de ces jours sans couleur
Ignorer la raison, effleurer la folie
Esquisser la sortie sur un fond d’encre ambrée.

2008/04/08
Cette sortie... cette première sortie...
Ce premier coup de lame vers l’indépendance.
Cet ombilical souvenir obscur et flou.
Ce premier choc de l’âme vers le devenir.

Un jour, un matin, une nuit...
L’enfant sort pour la première fois et hurle. Il est nu.
Il n’a pas froid, il n’a pas faim. Il respire en un cri,
Tout le temps que son corps met à se déplier.

Il vient au monde et le monde lui appartient.
C’est ce qu’il croit sans le savoir, ce qu’il entend, sans écouter.
C’est ce picotement dans le cœur, chair contre chair.
Cet éternel émerveillement de la vie qui s’avoue à l’amour.

Doux bambins grandissant, et de moins en moins libres,
Regrettent ces temps là où tout était possible,
Tamisant leurs passés sous de décents silences,
Cachant leur nudité sous des couches d’étoffes.

Quand le parfum de l’infini frôle la chair des oubliés,
Errants peuples meurtris, fils et filles du vent,
Occultent leurs douleurs sous de doux paysages,
Faisant danser leurs peaux, de silences en partages.

2008/04/09
Parfois... la première sortie est difficile...
L’avenir ne s’assombrit pas pour autant.

Je n’ai pas la mémoire de ma naissance.
Sans doute as-tu souffert pour moi...

Je porte ta douleur au fond d’un souvenir,
Flou comme un matin blême où l’on naît en douceur.

2008/04/10
Il faut très peu de temps pour défier l’existence.

Il en faut un peu plus pour déjouer tous ces pièges,
et trouver la sortie sans trop perdre de temps...

2008/04/11
Aller d’heures en heures, en cherchant...
Creuser tout au fond des méninges
Trouver des portes (z) à entrouvrir...
Et des clefs pour les refermer...
Signer d’un dièse à la sortie.

2008/04/12
Sortie 13, un matin,
entre horreur & chagrin

Du sang mêlé aux mains d’un vulgaire pantin
J’ai croisé le destin comme on frôle une putain.

J’ai remonté le temps d’une horloge catin
Pour déposer sans fin des baisers sur tes seins.

Et les mots se sont tus... le sens est revenu...
Et le son de plus belle a repris son refrain...

Une brindille aux dents,
Sortie 13, un matin...

2008/04/13
Elle est sortie dorée et croustillante à souhait
Bardée de pain grillé aux orties en rôties.

Star d’un four dans le noir aux griffes inutiles,
La pintade épatée fit sa dernière sortie sur fond de doux jus brun